Aujourd’hui, la vision en relief est une préoccupation majeure des nouvelles technologies dans les domaines du cinéma et de la télévision. Pourtant, quelques années seulement après l’invention de Niépce, voir une photographie en trois dimensions est possible grâce au principe de la stéréoscopie.
Cette exposition propose une sélection extraite des 45.000 vues stéréoscopiques que conserve le musée Nicéphore Niépce. Elle entraînera le visiteur dans l’univers fascinant de cette 3D d’un autre temps.
Le principe de la stéréoscopie existe avant les prémices de la photographie. Il s’agit de l’ancêtre de la vision aujourd’hui appelé 3D. On l’utilise tout d’abord avec le dessin. Mais dès 1844, Sir David Brewster (inventeur du kaléidoscope) propose son application à la photographie. Grâce à sa collaboration avec l’opticien photographe français, Jules Dubosq, le stéréoscope photographique est présenté au grand public à l’Exposition Universelle de Londres.
Les prises de vues stéréoscopiques sont élaborées à l’aide d’un appareil photographique à double objectifs. Six centimètres séparent ces deux points de vue, ce qui équivaut à la distance entre nos deux iris. L’un correspond à la vision de l’oeil droit, l’autre à la vision de l’oeil gauche. La magie opère lorsque l’on superpose optiquement avec une visionneuse ces deux photographies légèrement décalées. L’illusion du relief ne peut donc apparaître qu’avec l’aide indispensable du stéréoscope.
Par ce nouveau procédé, la manière de photographier mais aussi la manière d’observer en est fortement modifiée. Les vues stéréoscopiques prenant en compte le relief et la profondeur invite le public à ne faire plus qu’un avec cette nouvelle image. Il devient acteur de cette histoire, héros de la scène contemplée. Il est happé par cette saisissante illusion.
« Peu de temps après, des milliers d’yeux avides se penchaient sur les trous du stéréoscope comme sur les lucarnes de l’infini. » Charles Baudelaire, 1859
Tous les ingrédients sont réunis : petits formats, bon marché, effets attrayants, la vue stéréoscopique devient forcément un passe-temps populaire qui fait l’étonnement et l’admiration du public. Des centaines de milliers de photographies stéréoscopiques d’édition sont vendues.
Des stéréoscopes payants sont même installés dans des lieux publics à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Les séries humoristiques ou grivoises appâtent le client.
Tous les thèmes sont abordés, scènes de genre posées en atelier, nus, petites histoires humoristiques, mais aussi scènes prises sur le vif. La stéréoscopie est même parfois investie d’une mission éducative, comme le rappelle certaines vues d’animaux, photographiées au zoo ou au museum.
A partir de 1890, la pratique s’ouvre aux amateurs. Des appareils à main transportables aisément, facilitent son usage. L’amateur prend un goût certain à photographier ses voyages, sa vie quotidienne, afin de partager les merveilleuses sensations qu’il aura pu ressentir.
Les années ont passés depuis cette « mode » de la stéréoscopie, mais la fascination pour la trois dimension reste cependant toujours d’actualité. Même si aujourd’hui les images envahissent notre monde, nous trouverons toujours dans ce procédé quelque chose de surprenant, saisissant, spectaculaire.
Ce que vous voyez là, sont des vues anaglyphes, traductions des vues stéréoscopiques qui, par le jeu de filtres vert et rouge, vous restituent toute la magie du relief.